EDForum (v3)

Prologue


Lundi 17 mai 2000 :

Je me présente : Colonel Mary Ann Simson de l’US Air Force. Vous avez certainement déjà entendu parler de moi mais vous ne devez pas savoir qui je suis vraiment. C’est la première fois que j’écris dans un journal intime mais, aujourd’hui, j’en ressens le besoin.Voilà, je suis une enfant adoptée. Non pas que je sois restée une petite fille, quoique cela ne paraisse pas toujours évident à tout le monde. On me dit souvent que je suis très spéciale, des fois un peu niaise. Il se trouve effectivement que lorsque j’ai passé une mauvaise journée, j’aime aborder les choses avec l’innocence d’une enfant. Qu’y a-t-il de mal à ça ? me demanderez-vous. Rien, vous répondrai-je. Je n’ai pas toujours été comme ça mais j’ai appris que l’innocence est parfois nécessaire lorsque l’on ne veut pas que les autres subissent notre mauvaise humeur.
Dans mon cas, l’autre se nomme Hecker. Il a sept ans et n’est pas toujours très sage mais c’est un magnifique Husky aux yeux bleus, très affectueux. C’est ma mère qui me l’a donné quand j’ai reçu mes galons de Major. Enfin, ma mère adoptive…
Quoiqu’il en soit, il y a des jours où rien ne va. Ces jours là, je parle à mon chien ; ou plutôt, je parle "chien" comme dirait maman. Vous savez, cette façon que l’on a de s’adresser à lui en zozotant, par moments, on se met même à parler sa place et ce, toujours en zozotant. C’est fou le bien que ça vous fait ! Mais malheureusement, cette technique, je ne l’ai pas utilisée avec Thomas…
Thomas a été le seul homme qui ait vraiment compté dans ma vie. Et moi je passais mon temps à me défouler sur lui après les journées épouvantables auxquelles j’avais droit au pentagone. Bien sûr, je ne m’en rendais pas compte. Il en souffrait et je ne voyais rien. Pourtant, je l’aimais… et je l’aime encore… Seulement, il est reparti en France voici deux ans, à Grenoble je crois, et depuis ce jour, je n’ai plus aucune nouvelle.
Ca m’a fichu un coup quand il est parti. Pendant un mois, je n’avais plus de raison de vivre. Pourtant, on avait discuté de son départ et c’est ensemble qu’on avait décidé que cela serait mieux… pour tous les deux… Mais il m’a fallu un mois pour passer à autre chose. C’est maman qui m’en a donné l’idée : elle savait que, depuis longtemps, je voulais connaître la vérité sur mes parents biologiques. Ce qu’ils étaient devenus, pourquoi ils n’avaient pas pu me garder avec eux, si j’avais des frères et sœurs… Je ne sais pas pourquoi mais j’ai toujours été certaine que j’avais de la famille qui m’attendait quelque part. Alors, quand elle a vu l’état dans lequel j’étais, maman m’a dit "C’est le moment !". J’ai donc commencé mes recherches, il y a deux ans de cela.
Il y a deux mois, j’ai appris que mes parents biologiques étaient morts dans un accident de voiture il y a vingt ans environ. Bien avant cela, ils ont eu deux enfants, des jumeaux, qu’ils ont appelé Mary et Daniel. Ils les ont emmenés dans un centre des services sociaux, donnant simplement les prénoms des enfants et expliquant qu’ils mettraient nos jours en danger s’ils nous gardaient avec eux. Ils ont bien précisé que nous devions être séparés pour que personne ne nous retrouve. C’est la femme qui s’est occupé de nous à l’époque qui m’a raconté tout ça il y a deux mois. Elle avait entendu parler de l’accident de mes parents dans les journaux et les avait tout de suite reconnus. Elle avait même gardé les articles qui en parlaient et elle me les a donnés le jour de notre rencontre. Mais il n’y avait aucun nom. Personne ne sait qui sont mes parents biologiques. Mais peu importe, je le découvrirais. En attendant, je vais rendre visite à mon frère aujourd’hui. Il ne sait pas encore qu’il l’est. Je crois qu’il n’a jamais su qu’il avait été adopté. Ses parents adoptifs sont morts quand il n’était encore qu’un enfant. Il s’appelle Daniel Jackson. C’est un archéologue qui travaille pour un projet secret du gouvernement américain : le projet "Porte des Étoiles". Je l’ai rencontré, par hasard, il y a six mois, lorsque j’ai rejoint ce projet pour une mission. Aujourd’hui, je ne sais pas comment lui annoncer cette nouvelle, à lui qui est devenu mon ami. Pourtant, je sais qu’il est de mon devoir de le faire…

Chapitre 1 : "Je suis un traître !"


Une nouvelle journée commençait et le SGC s’éveillait. Petit à petit, les veilleurs de nuit s’en allaient et les équipes de jours entraient. Certains descendaient les nombreux étages du Cheyenne Mountain. Ce fut le cas, entre autres, du Colonel Mary Ann Simson qui paraissait particulièrement enjouée. Cela faisait plusieurs mois qu’elle n’avait pas mis les pieds à la base et aujourd’hui, on lui demandait de s’entretenir avec tout le personnel. Elle aurait du bouleau, c’était certain !
Elle se dirigea tout d’abord vers le bureau du Général Hammond. Un drôle de bonhomme celui-là ! Il n’était pas très grand, chauve et à l’âge de la retraite. Il venait du Texas, ce qui lui donnait un accent épouvantable. Arrivée devant la porte du bureau, Mary frappa trois coups. Lorsqu’il lui demanda d’entrer, elle lui fit un salut de rigueur, tout en clamant :
« Colonel Simson au rapport, Monsieur.
- Repos, Colonel – elle se relâcha. J’espère que vous êtes heureuse d’être de nouveau parmi nous ! D’après ce que j’ai compris, vous risquez de rester un moment.
- C’est exact, mon Général. Il faut dire qu’un entretien psychologique prend du temps. Alors, un entretien avec tout le personnel de la base…
- Oui, Colonel. J’avais déjà compté un mois pour cela, conformément à vos recommandations. Mais j’ai obtenu du Présidents que vous restiez au SGC après ça et que vous rejoignez les équipes SG pour les missions diplomatiques. Votre rôle, sera aussi de vous entretenir avec les membres des équipes SG après certaines missions, lorsque le Dr Fraiser pensera que c’est nécessaire. J’espère seulement que je n’ai pas une erreur en pensant que vous en seriez heureuse…
- Absolument pas, mon Général. Et je vous remercie sincèrement de cette initiative, répondit Mary, un grand sourire s’étant dessiné sur son visage. Rien ne pouvait me faire plus plaisir que d’être rattachée au SGC !
- Bien ! Dans ce cas, je vous laisse à vos occupations. Je vous demanderai simplement de commencer vos entretiens par le Dr Jackson. Il a eu une forte expérience émotionnelle récemment et je ne suis pas sûr qu’il s’en soit remis.
- Bien sûr. Vous voulez certainement parler de son expérience avec Shifu. J’ai lu le rapport qui le concernait. Je pensais justement commençait par le Dr Jackson. Mais avant, je dois vous parler de quelque chose à son propos.
- Je vous écoute, dit le Général tout en lui prêtant une oreille plus attentive.
- Voilà, vous savez sans doute que j’étais une enfant adoptée…
- Tout à fait.
- Bien. Il y a deux ans, j’ai commencé une recherche sur mes parents biologiques. Ce que j’ai trouvé sur eux n’a pas d’importance mais il se trouve que j’ai découvert que j’avais un frère jumeau… et qu’il s’agit du Dr Jackson.
- Vous voulez dire que vos parents vous auraient abandonnée sans abandonner votre frère ?!
- Non, ce que je veux dire, c’est que le Daniel est aussi un enfant adopté – George Hammond failli s’étouffer ave son café en entendant cette nouvelle – Je ne pense pas qu’il soit au courant, mon Général. A mon avis, ses parents sont décédés trop tôt pour le lui dire. C’est pour cela que je vous en parle… parce que je vais le lui annoncer quand le moment sera venu… et parce que je voudrais que vous en parliez au Colonel O’Neill à son retour de mission.
- Pourquoi, voulez-vous donc que j’en parle au Colonel O’Neill ?
- Parce que c’est la première personne que Daniel ira voir quand je lui aurai annoncé la nouvelle…
- Bien, si ça peut vous rassurer, je lui en parlerai à son retour de mission, dans 6 heures.
- Merci, mon Général.
- Rompez !
- Bien, mon Général. »
Après un autre salut, Mary sortit du bureau. Sa direction suivante était le bureau de Daniel.

Le Colonel Simson frappa à la porte ouverte de Daniel.
« Mary ! Entrez, je vous en prie.
- Daniel ! Je suis heureuse de vous revoir ! » s’exclama la jeune femme en serrant l’Archéologue dans ses bras.
Surpris d’une telle marque d’affection, celui-ci répondit :
« Oui… moi aussi…
- Je suis certaine que vous avez plein de choses à me raconter !
- C’est pour ça que vous êtes là…
- Ne soyez pas aussi formaliste Daniel ! Vous êtes avant tout un ami… enfin j’espère…
- Bien sûr… Mais c’est d’avantage à la psychologue que j’aimerais parler pour l’instant… »
Mary troqua soudain son visage enjoué contre une expression soucieuse. Elle posa son sac sur le bureau avant de s’asseoir et de reprendre la conversation sur un ton plus sérieux :
« Alors le Général Hammond a dit vrai ! Cette expérience vous a vraiment bouleversé…
- Je ne sais plus du tout où j’en suis Mary ! Je crois que j’ai découvert une partie de moi qui me fait peur… une partie de moi qui voudrait faire le mal… Non ! C’est pire que ça ! Une partie de moi… qui ne saurait que provoquer la destruction… qui pourrait aller jusqu’à détruire la totalité de la planète… sans avoir le moindre remord…
- Vous savez, Daniel… On a tous au fond de nous une partie qui voudrait faire le mal. Mais elle est compensée par une autre partie qui nous interdit le mal.
- Ne me ressortez pas la chanson du "ça" et du "surmoi" qui forment le "moi" ! Je connais cette théorie freudienne aussi bien que vous ! Croyez-moi, je l’ai ressassée encore et encore durant ces derniers jours. Mais je sais que c’est différent de ça… ou peut-être pas… Shifu m’a plongé dans un rêve… Et pourtant, même à mon réveil, je n’ai pas eu l’impression d’un rêve…
- Qu’est-ce que cela était pour vous ?
- Je n’en suis pas tout à fait sûr…
- Je ne pourrai pas vous aider si vous ne me dîtes pas ce que vous ressentez.
- Vous allez me prendre pour un fou !
- Je suis psychologue, Daniel ! Pour moi, personne n’est fou !
- Vous ne direz rien au Général ?…
- Si vous connaissez les théories freudiennes vous devez aussi connaître quelques passages du code de déontologie du psychologue, soupira la jeune femme.
- Vous voulez parler de celui qui stipule qu’un psychologue doit faire abstraction de ses émotions en présence d’un patient ?…
- Pas exactement… mais nous reparlerons de ça plus tard… ne cherchez plus à changer de sujet et dîtes-moi plutôt ce qui vous tracasse… »
À ces mots, l’égyptologue reprit un air grave. Il était redevenu sérieux après avoir tenté une esquive par la plaisanterie. Il en était conscient et se demandait si c’était Jack qui déteignait sur lui ou si la peur du jugement que Mary porterait sur lui prenait le dessus. Après quelques secondes de silence à réfléchir à la façon d’aborder le problème, il se mit enfin à nu devant son amie :
« Ce rêve me semblait vraiment réel, Mary… mais pas au sens où on l’entend habituellement… Je veux dire… C’était comme si… je vivais réellement l’expérience… Shifu m’avait aidé à avoir accès à une technologie que je décidai de garder secrète pour éviter qu’elle ne tombe entre de mauvaises mains… pire ! Je décidai de garder un contrôle absolu sur tout ce que j’avais appris… Mais c’était vraiment réel !! Je savais tout ça. Et je n’ai pas su me contrôler… Inconsciemment, je savais que ces connaissances me permettraient de prendre le contrôle de la planète… et je l’ai fait ! J’ai pris le contrôle !
- Vous n’avez pas réellement pris le contrôle Daniel, puisque nous sommes là.
- Je vous dis que si ! J’ai pris le contrôle… et j’ai trahi mes amis ! D’abord Teal’c, puis Sam et enfin Jack. Sans compter le reste de la planète… et tous ceux qui me faisaient confiance… C’était RÉEL !!! Et c’est gravé – il pointa son index sur sa tempe – LÀ. »
Au cours de la conversation la voix de Daniel avait changé, pour faire place à de la tristesse mêlée à de l’amertume… Il se détestait ! Cela s’entendait !!
« Vous n’avez aucune raison de vous en vouloir Daniel. Cela vous paraît certainement réel parce que Shifu vous a montré ce qui se serait certainement passé s’il vous avait révélé ces informations. Parce qu’il savait que notre race n’est pas capable de détenir le pouvoir sans provoquer le malheur et trahir son peuple. Ce qui vous fait peur c’est que vous vous pensiez au dessus des autres… mais vous n’êtes ni plus ni moins qu’un humain… un humain certes empli de qualités dont l’intelligence et la bonté d’âme,… mais un humain tout de même… et vous n’y pouvez rien… »
Silencieusement, Daniel acquiesça. Il fallait qu’il réfléchisse à tout ce qu’il venait d’entendre. Mary le savait et elle décida de le laisser seul, après lui avoir tout de même indiqué qu’elle serait à l’infirmerie ou dans la salle de sport s’il avait besoin d’elle. Elle devait aussi lui apprendre qu’elle était sa sœur mais elle ne pouvait pas encore lui en parler. Daniel avait déjà assez à réfléchir sans qu’elle vienne en rajouter avec des problèmes plus personnels. Elle décida donc d’attendre un moment plus propice.

J'attend la suite