Rowan
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Mage Supérieure
Inscrit le : 02 Avr 2003
Messages : 939
Localisation : Somewhere in between what is real and just a dream...
Mage Supérieure
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Deux courtes fics pour peut-être réconcilier les shippers Buffy/Angel et Buffy/Spike ; deux lettres avec des styles différents, deux impressions différentes, deux ressentis, pour la même fille...
Enjoy !!
Ca vous a plus ?? Une préférence ?
_________________
Enjoy !!
Citation :
Lettre pour une belle nuit d’hiver
Droits divers : les personnages sont la propriété de Joss Whedon, 20th Century Fox et UPN, pas à moi, bla, bla, juste un emprunt, je les rends intacts…
Date de création : avril 2001
E-mail : rowan34fr@yahoo.fr
Voici une courte histoire sur le thème Angel/Buffy, thème intarissable. Leur histoire n’est pas des plus gaies il faut l’avouer mais ce sont paraît-il les histoires les plus tristes qui sont les plus belles, l’histoire de Roméo et Juliette pouvant en témoigner…
Elle m’a été inspirée par la magnifique chanson « Song For A Winter’s Night » reprise par Sarah McLachlan.
La scène se situe 10 ans après le lycée, Buffy a désormais 27 ans. Elle vit seule dans le Nord des Etats-Unis, dans un trou, probablement dans le Michigan ou le Wisconsin. Elle reçoit une lettre d’Angel en cette période de fin d’année…
***
Installée confortablement près de la fenêtre dans un fauteuil qu’elle avait arrangé avec des coussins en velours, Buffy se servit un verre de vin tout en admirant cette belle nuit d’hiver du Middle West. La neige s’amoncelait doucement et lentement recouvrant les vastes étendues qui avaient l’habitude d’être si vertes et si bien entretenues durant la période estivale. Dans la nuit, la lune se reflétait dans la neige lui laissant entrevoir une lueur grise fantomatique.
Elle avait appris à aimer l’hiver… Une pause était parfois indispensable face au tourbillon de la vie, une trêve pour enfin réfléchir et se reposer calmement laissant de temps en temps la place à la mélancolie si cela s’avérait nécessaire. Elle aimait la quiétude de l’hiver qu’elle recevait à présent comme un cadeau inestimable que seule une personne avec un passé aussi chaotique que le sien pouvait pleinement apprécier… Il lui laissait le temps de revenir sur le passé sereinement, sur ces années agitées qui avaient finies par l’amener ici.
Et puis, il y avait des soirs comme celui-là où elle s’apprêtait à découvrir une de ses rares lettres, lorsque l’hiver semble être là pour vous isoler du gouffre de la douleur insupportable qu’elle pouvait toujours ressentir tellement il lui manquait, même dix ans après…
Buffy buvait lentement son verre de vin serrant dans une main la mince lettre comme un joyau précieux. Finalement, elle posa son regard sur la petite écriture laissant les sentiments l’envahir mais luttant contre cette vision de lui qu’elle devinait derrière elle près du feu de cheminée, regardant la neige tomber lentement…Elle pouvait se souvenir de lui tel qu’il était il y a dix ans bien qu’elle ne l’avait pas revu depuis cette nuit où il avait quitté Sunnydale. Il ne devait pas avoir changé évidemment, quand on est immortel on ne change pas… Il devait toujours avoir cette peau pâle et exsangue, ce regard intense empli de mélancolie, ces cheveux bruns en bataille, ce sourire si touchant empreint de gravité…
Elle commença à lire à haute voix, sa voix bientôt remplacée par la sienne si chaleureuse :
Ma chère Buffy,
Joyeux Noël .
A la lecture de ces premiers mots, elle laissa échapper malgré elle un rire étouffé. Elle ne se sentait pas vraiment joyeuse, et elle n’aimait pas particulièrement Noël. Elle savait qu’il en était de même pour lui, mais ce qu’il ignorait c’est qu’ils partageaient ce même sentiment, quelle ironie…
Ainsi continuait la lettre :
« Los Angeles ne change pas, que ce soit en mai ou en décembre… , à part peut-être qu’on peut croiser un Père Noël à chaque coin de rue…
Chaque année à cette période, j’espère qu’il va neiger comme il a neigé cette nuit-là il y a toutes ces années. Mais il ne neige jamais, et ici les gens semblent peu s’en soucier… ».
Elle arrêta sa lecture se remémorant amèrement cette nuit avec une certaine tendresse. C’était cette nuit qui les avait à nouveau réunis après avoir été séparés pendant si longtemps. Son cœur se serra alors qu’elle se souvenait de leur lutte acharnée ensemble cette année-là.
« Dix années passées font resurgir les pires souvenirs… mais avec le temps, ils paraissent tout à coup moins difficiles à supporter laissant le plus souvent la place aux meilleurs souvenirs. Je me suis souvent posé des questions sur la souplesse et la flexibilité de la mémoire humaine… cette façon que l’on a de réécrire ces événements du passé pour les adapter à notre convenance et pour nous les imaginer tels qu’ils sont aujourd’hui… ».
Elle savait de quoi il voulait parler en dépit du fait que sa mémoire lui jouait parfois des tours. Elle pouvait se souvenir comme si c’était hier de ses tendres baisers et caresses alors qu’elle arrivait à occulter complètement ce regard meurtrier qu’il avait eu un temps où quand ses caresses faisaient si mal…
« Hier, j’ai ouvert la boîte dans laquelle j’ai conservé quelques photos. J’ai plongé dans les yeux d’une jeune fille de 17 ans dont j’étais tombé amoureux, et je me demande si elle a beaucoup changé… ».
Elle avait beaucoup changé mais en même temps pas tant que cela. Elle paraissait plus âgée c’était certain mais plus sereine aussi, libérée de ces lourdes responsabilités qui l’avaient conduites jusqu’ici. Ses cheveux étaient plus longs, plus sombres aussi et sa garde-robe plus raffinée, mais elle savait que c’était d’une autre manière qu’elle était tellement différente, d’une manière qu’il ne pourrait même pas soupçonner.
« Crois-tu toujours aux contes de fée ? A ces hauts remparts des châteaux qui te protégeaient de l’assaut des dragons ? Es-tu toujours cette belle princesse russe sauvée par un danseur gitan… ? ».
A présent, elle n’était plus cette petite fille, cette petite princesse qui, au plus profond de son cœur, pensait qu’Angel était son prince charmant et qui un jour viendrait la chercher pour l’emmener sur son beau cheval blanc… ou peut-être aurait-il été noir…
Non, maintenant elle était une femme qui savait plus que jamais que l’amour n’avait rien d’un preux chevalier qui pourrait tout conquérir… A présent, elle savait que la solitude était son plus fidèle compagnon, qui ne demandait rien mais qui ne savait donner… que de la douleur…
Désormais, elle pouvait ressentir un immense chagrin envers Angel, plus qu’elle n’en avait jamais ressenti, sachant que son isolement à lui durerait des millénaires alors que le sien seulement le temps d’une courte vie humaine…
« George Bernard Shaw a écrit un jour : les réminiscences font que nous nous sentons si délicieusement vieux et tristes à la fois. Je pense à cette citation souvent quand je me penche sur ma vie… cette période de l’année étant un tel catalyseur à la méditation. Et elle me déprime tellement que j’ai de plus en plus de temps pour me souvenir, mais également des pires moments. Et c’est cela qui me fait me sentir si vieux et triste…
Mais malgré toute la douleur, toutes les peines, ces quelques années que nous avons passées ensemble restent de loin les meilleures, me comblant de joie. Et c’est pour cette raison que je suis si reconnaissant d’avoir tout ce temps pour me souvenir… ».
A la lecture de sa si candide confession, Buffy refoula les larmes qui lui montaient aux yeux. Il partageait tellement rarement le fruit de ses sombres introspections. Et dans sa jeunesse, Buffy avait toujours été une femme d’action peu sujette aux bavardages et il le savait. Même dans ses rares lettres, il lui parlait toujours des choses qu’il faisait, des endroits qu’il visitait, des gens qu’il rencontrait mais il était rare qu’il lui fasse partager ses plus intimes pensées.
Il devait se sentir comme elle, seul et regrettant les jours anciens où elle était davantage préoccupée par son avenir plutôt que de ressasser le passé. Ses soucis à présent se résumaient à quelques banalités : payer le loyer à temps, s’assurer que son programme télé favori ne soit pas annulé… L’espoir aujourd’hui prenait la forme d’une corne d’abondance de laquelle se déverseraient de multiples parures brillantes et elle n’aurait qu’à choisir, chaque parure représentant une promesse à venir : l’amour, le bonheur, une chanson…
Autrefois, l’espoir c’était Angel, rien qu’Angel…
« En 250 ans, je ne me suis jamais senti sûr de moi, solide, vivant. Mais ces jours… ces jours que l’on a partagés sont les seuls qui m’ont apporté une once d’humanité… quand tout mon être se reflétait dans mon entourage pour lequel je me souciais… quand mon âme avait la preuve de son existence rien qu’en lisant au travers de tes yeux remplis d’amour, de ton sourire si confiant… Et quand je me sentais redevenir ce monstre indestructible, tu m’offrais ton cœur solide comme un roc en guise d’arme pour parer les assauts du mauvais sort. C’est une formidable chose que de pouvoir se souvenir, même maintenant… ».
Elle n’avait jamais retrouvé l’amour, enfin pas un amour comparable à celui qu’elle avait partagé avec Angel. Chaque relation qu’elle avait pu avoir n’était en fait qu’une gigantesque mascarade n’allant que rarement au-delà du simple rendez-vous amoureux ; en fait une sorte d’activité destinée à passer le temps, à adoucir la peine de savoir que son cœur n’appartiendrait jamais à quelqu’un d’autre qu’Angel. Il lui est arrivé quelques fois d’abandonner la lutte contre cette peine, de la laisser gagner pour finalement se laisser conquérir. Mais elle n’était pas dupe et elle n’était pas quelqu’un que l’on pouvait conquérir. Elle l’avait été, et elle ne le serait plus jamais…
Il valait mieux être seule plutôt que de voir cette souffrance dans leurs yeux… cette souffrance qu’elle leur infligeait quand elle leur disait qu’elle ne pourrait jamais les aimer…
« Un jour, tu m’as demandé si je ne voulais pas être avec toi… je m’en souviens, et aujourd’hui encore il m’est difficile de supporter ce regard désespéré, cette mine si peinée sur ton si joli visage… A l’époque, si je n’avais pas répondu c’est parce que la vérité t’aurait fait supporter encore plus lourdement ce que j’avais déjà décidé de faire, partir… Mais la vérité aujourd’hui, je te la dévoile et la réponse est oui. J’ai toujours voulu être avec toi… et je le voudrais toujours…
Tout ce que je voulais, c’était tomber dans tes bras, me perdre dans ton regard… te dire que je ne pensais pas tout ce que je venais de te dire et combien je t’aimais… Mais je pense qu’ils avaient raison quand ils disaient que le fait de désirer quelque chose est toujours plus intense que de le recevoir… que nous sommes finalement presque désolés d’obtenir ce que l’on voulait vraiment…
Dans notre cas, je pense que c’était tout particulièrement vrai. Céder à la facilité aurait été un désastre pour nous… pour toi… Qu’en est-il aujourd’hui ? Qui sait… Il reste seulement me semble-t-il d’amers souvenirs… ».
Buffy savait tout cela. Elle savait qu’il avait assumé sa décision de la quitter parce qu’il était résolu à lui offrir ce qu’il pensait être comme un cadeau qu’il ne pourrait jamais lui donner mais qu’elle méritait pourtant plus que tout : une vie normale…
Dans un certain sens, il avait raison. Elle avait eu une vie normale, sans démons, sans cauchemars et sans ce spectre pesant et indescriptible qu’est la mort, le danger, les ténèbres.
Mais sa décision fit que quelque chose en elle mourut aussi. Quelque chose à l’aspect lisse, brillant et doré qui lui donnait cette exubérance et cette soif de la vie… qui faisait jaillir cette flamme dans ses yeux… Sa décision ruina sa passion pour tout ce qui était vivant… sa capacité à se demander si elle atteindrait les sommets les plus hauts qui pourtant s’offraient à elle…
Quand Angel partit, il emporta son cœur avec lui, la laissant au pied de la montagne à jamais sur un sol imperturbablement plat.
« Parfois, je me surprends à rêver d’un avenir avec toi, un avenir que l’on n’aura jamais… et je me perds à chercher et à récupérer ces vignettes où il est écrit « vie normale » dessus et je sais que je ne les saisirai jamais : regarder la télévision, manger des gaufres, faire l’amour, avoir une famille… Dans ces rêves, je m’imagine sans culpabilité aucune que je partage tous ces moments avec toi sans avoir à te faire payer le prix démesuré qui aurait été exigé pour nous accorder ce que l’on demandait.
Je pense qu’il s’est écoulé assez de temps à présent pour que tu comprennes ce que j’ai essayé de faire en m’éloignant et en te quittant. Je me suis effacé volontairement de ta vie pour que tu puisses voir la lumière à nouveau… cette lumière qui t’était interdite, cachée par mon ombre, le fantôme de mon passé et les limites de mon avenir. Tu méritais tellement mieux que ce que je n’aurais jamais pu te donner. Je sais, tout cela fait un peu « cliché » mais c’est tellement vrai… ».
Quand elle pleurait sur son amour à jamais perdu, Buffy faisait souvent la liste des choses qu’il lui avait dit, ces choses qui les séparaient, essayant ainsi de se convaincre qu’il avait agi pour le mieux et en conséquence se rassurer quelque peu… Mais il y avait toujours et il y avait encore cette petite voix agaçante au fond d’elle même qui la narguait et ne cessait de lui répéter qu’ils auraient dû trouver une solution, si au moins ils avaient pris la peine et la volonté d’essayer et de chercher.
« Maintenant, au moins, je sais que tes jours sont remplis de soleil, que tu ne plies plus sous le poids de tous ces soucis et de tous ces regrets. Sinon Buffy, tu aurais fini par me haïr … et te haïr également pour tout ce que tu aurais raté, toutes ces choses que tu n’aurais pas vécu parce que tu m’aimais, moi le damné… Le sort que l’on m’a jeté est à multiples facettes, il est compliqué, bien plus que les Kalderash l’avaient d’ailleurs imaginé je pense… ».
Le cœur lourd, Buffy se disait que l’éternité devait être bien douloureuse pour vivre avec tous ces remords et tourments, ces regrets, cette culpabilité. Les Gitans devaient certainement le savoir en infligeant une telle punition.
« Mais j’espère que par-dessus tout, tu sais et que tu as toujours su, et que tu te rappelleras toujours que je t’aime du plus profond de mon être… avec une telle passion qu’elle embrasse toute mon éternité… au-delà même de ta vie.
Tu es immortelle dans mon cœur Buffy. Et sache que mon plus grand bonheur, ma plus grande consolation est de savoir que pour un court moment de ma vie éternelle tu m’as aimé. Tu m’as donné ton sourire, ton cœur, ton corps, même ta vie car tu pensais que cela valait la peine.
Quand des milliers d’années auront passé, en marchant dans la nuit, je me souviendrais toujours de tes baisers, de ta main dans la mienne, et ce sera toujours gravé dans ma mémoire, me confortant dans le fait de savoir que tout ce que j’ai fait, je devais le faire. Et chaque lever de soleil, chaque lever de lune, chaque ondée, chaque brise légère me murmureront ton nom. Et le monde me sera témoin… je ne t’oublierai jamais…
Pour toujours,
Angel ».
Une fois qu’elle eût fini sa lecture, Buffy pleura longuement. Elle pouvait encore ressentir inlassablement la même rétrospection faisant l’écho d’un dilemme insoluble… comme cette immense montagne s’érigeant entre eux, les séparant.
Comme il lui manquait. Son verre était vide et le feu dans la cheminée mourait lentement… Elle regarda dehors, la neige s’était accumulée recouvrant le paysage d’un magnifique manteau blanc. Et elle pensa une fois encore que tout lui semblait tellement plat, gris, mort. Il n’y avait pas de monstre ici… seulement des fantômes…
Une partie d’elle savait qu’elle ne reverrait plus jamais la couleur, pourtant si flamboyante ; du moins plus de la même façon qu’elle l’avait vue avec lui…
Mais une autre partie d’elle-même s’éveilla et prit conscience de quelque chose à la lecture de sa lettre. Les souvenirs affluèrent, elle en était heureuse n’éprouvant aucun regret. Elle souhaitait en secret saisir ses mains dans les siennes mais chut, ce n’était qu’un secret, juste un petit secret…
Un secret qui lui redonna le sourire alors qu’elle pouvait lui semble-t-il apercevoir le soleil qui se levait à l’horizon amenant avec lui de la lumière, rose, rouge ou orange… qu’importe… un peu de lumière semblait jaillir et elle savait ce qui lui restait à faire…
If I could only have you near
To breathe a sigh or two
I would be happy just to hold the hands I love
On this winter night with you
And to be once again with you…
Sarah McLachlan, “Song For A Winter’s Night”.
Citation :
Lettre par une belle nuit étoilée
Droits divers : Comment ça les personnages ne m’appartiennent pas ?? Pff, ok, ils ne sont donc pas à moi (on me les a volés…) : Joss, bla bla, UPN, Mutant Enemy, gna, gna etc…
Date de création : mai 2003
E-mail : rowan34fr@yahoo.fr
Je ne peux pas choisir… Buffy/Angel, Buffy/Spike… Les deux couples m’ont émue, m’ont fait rire, m’ont fait pleurer. Il y a deux ans, j’avais écrit une fic sur une lettre qu’aurait pu envoyer Angel à Buffy dans 10 ans. Je satisfais donc aujourd’hui les shippers des deux bords en bouclant la boucle et en écrivant sur Buffy/Spike…
Spoiler : oui, évidemment, il faut avoir vu la saison 7 !!! Se situe immédiatement après Chosen. C’est une petite réflexion qui peut paraître un peu bizarre et décalée à certains moments…
Les paroles viennent de la magnifique chanson « My Immortal » d’Evanescence, elle appartient à ses auteurs.
***
Ils avaient roulé, longtemps, presque toute l’après-midi et une bonne partie de la soirée ; et quand finalement la fatigue s’était laissée sentir, en même temps que la lumière du jour déclinait, ils s’étaient arrêtés.
Le désert de Californie, –quoi qu’ils devaient à présent être dans le Nevada-, semblait s’étendre à l’infini et trouver un Motel dans cette région aride et dépeuplée relevait du miracle et était aussi exceptionnel que d’apercevoir un kangourou sur la calotte glacière.
Et pourtant… Grâce providentielle ? Coup de pouce du destin ? Intervention divine ? Chance miraculeuse ? Ils n’auraient pas su le dire et cela n’avait guère d’importance à vrai dire. Le refuge salvateur était bel et bien là et il jurait avec le décor naturel, mais ils en étaient convaincus : il n’était pas le produit d’une hallucination collective. Les visages affichaient une fatigue évidente, encore une certaine tristesse et amertume mais également une sérénité et un soulagement manifestes.
La chambre était petite mais elle était propre et confortable. Dawn avait immédiatement choisi le lit de gauche et elle s’était jetée dessus en riant tout en commentant encore et encore la bataille finale dans un flot de paroles qui ne semblait plus pouvoir s’arrêter. Buffy n’écoutait pas. Non, elle n’écoutait plus en fait et elle sentait même la migraine venir. Après avoir machinalement et faiblement prié sa sœur d’enlever ses chaussures, Buffy disparut dans la salle de bain.
Elle soupira quand elle aperçut son reflet dans le miroir et elle s’approcha davantage afin d’examiner la coupure qu’elle avait au front. Ce n’était qu’une égratignure complètement refermée à présent et elle humidifia un mouchoir en papier afin de nettoyer le sang séché. Elle souleva ensuite son chemisier et grimaça sous l’effet de la douleur qu’elle ressentit quand elle tâtonna son abdomen autour de la blessure qui lui avait été infligée lors de l’affrontement. Elle ne saignait plus, c’était une bonne chose et vu ses capacités de guérison supérieures à la moyenne, il n’y paraîtrait plus d’ici une semaine.
Elle fit couler longuement l’eau sur ses mains sales avant de s’asperger le visage à de nombreuses reprises. Cette soudaine fraîcheur lui fit un bien considérable vu la chaleur encore pesante qui planait au cœur des roches désertiques à une heure où le silence et la nuit avaient pris leur emprise.
Elle sortit de la salle de bain et trouva Dawn, allongée sur son lit et captivée par la télévision qui, seule, dégageait un peu de lumière bleutée dans la petite chambre. Buffy suivit du regard le fil de la télévision qui courait le long du mur et elle hocha la tête ne voulant finalement pas savoir comment la réception était possible dans un coin aussi paumé. Elle attrapa sa veste qu’elle enfila comme une automate et avertit sa sœur brièvement :
-Je vais prendre l’air un petit moment Dawnie.
-Ok…, répondit la cadette ne détournant même pas son regard de la boîte à images.
***
Le léger vent qui balayait la poussière rocailleuse était chaud et plutôt agréable, et Buffy se rendit compte que la vérité consistant à croire que les nuits dans le désert étaient forcément glaciales n’était qu’un leurre, - à moins qu’il ne s’agissait d’une thèse applicable qu’au Sahara…- Elle regretta d’avoir pris sa veste mais elle était trop lasse pour retourner à la chambre.
Elle ferma un instant les yeux avant d’inspirer bien profondément et d’enfouir ses mains dans les poches de sa veste. Elle fronça les sourcils et sortit d’une des poches une lettre pliée en deux dans une enveloppe qu’elle déplia pour y découvrir un simple mot, « Buffy », son prénom, écrit avec une plume.
Elle ne reconnut pas l’écriture et elle sortit plus qu’intriguée la lettre dont elle commença la lecture. Elle comprit vite et elle commença à trembler en même temps que le souffle lui manqua alors que ses jambes ne la soutenaient plus comme l’engloutissant dans un gouffre sans fin. Elle recula, comme guidée, avant de s’asseoir sur le petit muret entourant le parking du Motel. Elle recommença la lecture de la lettre depuis le début, plus lentement cette fois. Elle aurait voulu la lire à haute voix mais elle était persuadée qu’aucun son ne sortirait de sa bouche, alors les mots couchés sur le papier se mirent à résonner et à danser devant ses yeux avant de trouver un écho dans sa tête et d’atteindre son âme et son cœur…
« Buffy,
Je ne serai certainement plus là quand tu découvriras cette lettre mais je tenais à ce que tu saches ce que tu m’as apporté durant ces trois dernières années car je ne pense pas avoir le courage de le dire, enfin te dire tout ce que je ne t’ai pas déjà dit… »
Malgré les larmes qui commençaient à lui monter aux yeux, elle esquissa un sourire. Elle était bien incapable de dire combien de fois il lui avait dit qu’il l’aimait. Mais des images lui revinrent, les mots refirent surface, et elle se souvint parfaitement de la première fois où il lui avait avoué son amour alors qu’il l’avait faite prisonnière dans les sous-sols de sa crypte avec Drusilla, sans compter la fois où elle ne lui avait pas laissé terminé sa phrase alors qu’il l’avait entraînée dans une patrouille ressemblant davantage à un rendez-vous galant …
« N’aies pas peur amour, je ne vais pas te dire que je t’aime et que je t’aimerai toujours… Je te l’ai assez dit mais sache que j’ai toujours été sincère et le fait que tu m’aies toujours rejeté, je le comprends parfaitement et je n’en attendais pas moins… C’est vrai, qui aurait pu porter de l’amour ou même le moindre intérêt à un vampire sanguinaire et sans âme ?…
L’âme… Le miroir de mon être, témoin de mes sentiments et traître de mes inhibitions… Ce n’est pas mon âme qui a fait de moi un homme Buffy, mais c’est toi. Je pense avoir gagné au moins ta confiance et ton soutien, c’est toi qui as fait ce que je suis aujourd’hui et je pense qu’il en aurait été de même si je n’avais pas récupéré mon âme.
Je sais que tu ne me diras jamais ouvertement que tu m’aimes et j’en suis arrivé à un point où je pense ne pas vouloir l’entendre finalement… C’est inutile. Ton regard, tes caresses et ta présence auprès de moi me suffisent. Si tu venais à me l’avouer, je crois que de toute façon, je ne te croirais pas… Ne te méprends pas chaton, je sais ce que tu ressens mais je sais aussi combien il est difficile pour toi de dire les choses. C’est mieux comme ça finalement je crois… »
Buffy étouffa un petit rire. Elle le lui avait avoué finalement quand ils avaient atteint un point de non retour dans l’antre de la bête, du Mal absolu. Il avait tort quand il disait que son âme n’y était pour rien : elle avait vu son âme irradier et emplir son cœur d’une chaleur curative. Les mots avaient été hésitants mais elle se devait de le lui dire après ce qu’il lui avait apportée lui aussi. Si il n’avait pas été là après son retour brutal à la vie, elle se demande comment elle aurait fait pour supporter la réalité quotidienne. Elle ne voulait pas que tout se termine comme ça et elle n’était toujours pas prête à vivre sa vie sans lui. Il y a tellement de choses qu’elle aurait aimé lui dire : combien sa loyauté avait compté pour elle, la force qu’il lui avait donnée et le réconfort qu’elle avait trouvé dans ses bras…Il était définitivement dans son cœur comme elle l’avait avoué à Angel, mais il était plus que ça… Elle avait compris la dénégation de la déclaration qu’elle venait de lui faire : il la laissait partir, s’en aller pour vivre cette vie que la magie de Willow avait engendrée pour elle…pour qu’elle ait la chance de vivre cette vie normale qu’elle avait toujours souhaitée…
« Tu m’as changé Buffy. Tu as cru en moi. Tu m’as aidé. Tu m’as gardé auprès de toi. Tu m’as consolé, guéri et apaisé. Je me suis reposé sur toi. J’ai passé avec toi les plus beaux moments de mon existence. Tu as fait de moi un champion…
La nuit dernière, j’ai écouté l’orage se déchaîner à l’extérieur, le vent gémir dans les ténèbres tourbillonnant avec les voix. Je n’arrivais pas à arrêter les voix. Elles me hantaient, se moquaient de moi, m’enfonçant, m’enterrant et me piégeant pour ne pas que je remonte à la surface ou alors sans mon âme, acceptant le cœur de pierre qu’elles avaient à m’offrir. Elles m’ont dit de fuir et d’abandonner…
Je n’ai pas pu. Je n’ai pas voulu. Comment aurais-je pu vous abandonner ? T’abandonner toi amour ?…
J’étais sûr, plus que je ne l’avais jamais été. Je devais y aller, finir le travail et partir. Je devais me placer hors du temps. Je devais pénétrer dans un autre monde, un monde éclatant, flamboyant, éblouissant, palpitant et vif. Un monde où l’amour dort aux creux de voûtes et de lumières argentées, et où les pommiers fleurissent sous des rideaux de pluie après la saison sèche. Des milliers de petites étoiles étincelantes d’une beauté à couper le souffle… Je les ai saisies et je les ai serrées contre mon cœur. Elles m’ont donné de l’énergie, une force insoupçonnée. Peut-être me donneront-elles le courage de dire adieu… »
***
-Elle m’a conduit ici la boule de poils qui prétend être mon ange gardien, murmura Spike regardant autour de lui et sentant la chaleur lui chauffer son corps, son visage et son cœur alors que la lumière blanche perçait au travers d’un pommier en fleurs et qu’il pouvait entendre le bruit d’une cascade qui devait se déverser non loin de là.
-Ce chat n’est pas un ange, crois-moi !, répondit Buffy sur un ton railleur tout en passant un doigt sur les griffures qu’elle avait sur une main avant d’ajouter : et puis les chats détestent l’eau…
-Je sais mais j’ai l’impression qu’elle a peur que je me noie et que je l’entraîne avec moi… Tu m’as sauvé Buffy…
-Sauvé de quoi ? C’est faux, tu n’es plus là… Pourquoi est-ce que je ne peux pas franchir la ligne moi aussi ?, demanda-t-elle regardant à ses pieds pour y apercevoir une ligne de feu qui courait jusqu’aux cieux.
-Les chats n’aiment pas s’ennuyer eux non plus…
***
Buffy cligna des yeux et rejoignit finalement la réalité, regardant autour d’elle, un peu perdue… Je me suis assoupie…, songea-t-elle perplexe alors que le silence dans le désert devint tout à coup pesant. Le rêve paraissait si réel, troublant et vrai… La lettre était chiffonnée entre ses genoux, elle s’efforça de lui redonner une allure présentable et reprit sa lecture :
« Hanuman a dit alors à Vishnu : « Si j’oublie qui je suis, je suis moi-même. Mais si je me souviens qui je suis, je suis toi. » Ne fronce pas les sourcils amour ! Je te promets d’arrêter ici mes digressions philosophiques et mythologiques…
Tout doit finir un jour. L’amour, la jeunesse, les rêves, l’espoir, le désir : la vie. Et c’est alors que tout recommence… On change la musique et les danseurs. Et parfois, les commencements se mêlent aux dénouements, et le chaos règne en maître pour un temps, faute d’équilibre…
Les danseurs trébuchent, les acteurs oublient leurs textes. C’est une grande pièce de théâtre, un opéra royal, une comédie musicale, un ballet, un rêve qui tourne en boucle où le temps n’a plus d’importance. Il engendre tout. Le temps rend les choses réelles et emporte tout sur son passage.
Pourquoi tout ce qui s’est déroulé ces trois dernières années et plus précisément ces derniers jours m’a-t-il semblé n’être qu’un rêve ?
D’où viens-je vraiment ?
Mes mains. Elles t’ont caressée, aimée, ramenée à la vie. Mais elles sont mortes. Je ne suis pas d’ici… Je devrais être ailleurs. Je me sens si transparent, comme un fantôme.
Je ne peux pas faire marche arrière et je ne peux pas changer le passé. J’espère juste pouvoir rendre l’avenir meilleur.
Tout à coup, j’ai peur. J’ai peur pour toi surtout, et pour moi, pour nous…
Ne pleure pas amour… Je te verrai d’où je serai, et je ne serai pas seul… Je ne veux pas que tu sois malheureuse car penser que j’aurais fait tout ça pour rien me rendrait fou de chagrin et de douleur.
C’est à toi de protéger Dawn Buffy à présent. Je te rends finalement et définitivement ce que j’avais été incapable de protéger et sauver il y a deux ans : ta vie, la vie, une nouvelle vie, un nouvel avenir que j’espère beau et radieux et dont tu vas profiter… parce que tu le mérites et parce que je t’aime plus que tout et que je suis prêt à tout donner pour toi, même mon immortalité…
Je n’ai pas tenu ma parole tu vois. Je te l’ai dit une nouvelle fois, ou plutôt écrit et c’est peut-être pire… Mais je ne peux faire autrement, c’est plus fort que moi et rien ne pourra jamais m’enlever ce qui me restera pour l’éternité : je t’aime Buffy.
Spike. »
Buffy soupira longuement lâchant la lettre qui tomba sur le sol. Elle la laisserait se faire emporter par le vent, mais le vent était tombé sur la plaine et le silence était plus que perceptible. Elle avait envie d’hurler pour rompre la quiétude nocturne mais elle ne bougea pas et ne dit rien. Les larmes coulaient encore et elle baissa la tête en signe de résignation avant d’enfouir son visage entre ses mains.
Elle entendit un petit couinement plaintif et elle se dit que si le moindre rêve étrange était encore sur le point d’émerger, elle se mettrait à crier pour de bon pour ne pas que la folie s’empare d’elle. Elle ne bougea pas et écouta attentivement, guettant la moindre image ou parole qui pourraient envahir son esprit. Rien ne vint, et le couinement fut remplacé par un miaulement insistant. Elle leva finalement la tête et découvrit assis en face d’elle un chaton noir et blanc qui devait être à peine sevré.
Elle regarda autour d’elle perplexe puis posa à nouveau son regard sur la boule de poils qui la regardait fixement d’un air interrogatif avec ses grands yeux verts, légèrement disproportionnés face au reste de son corps.
-Miss Kitty ?, demanda Buffy à voix haute en même temps qu’elle se réprimanda mentalement et intérieurement à l’idée que ce chaton pourrait lui répondre ; et puis la question était stupide.
-Tu n’es pas Kitty, elle est sûrement morte à Sunnydale. A qui appartiens-tu ? Qu’est-ce qu’un chaton comme toi peut bien faire tout seul dans le désert ?
Pour toute réponse, le chaton sauta sur les genoux d’une Buffy paralysée sous l’effet de surprise et qui avait levé les mains comme pour se protéger. Le chat s’installa confortablement en rond sur les genoux pourtant peu confortables de Buffy. Elle se relaxa et approcha une main timide de l’animal qu’elle se mit à caresser. Le chaton se mit à ronronner doucement et posa sa tête sur ses pattes avant de fermer les yeux.
-Qu’est-ce que je vais faire de toi ? Je suis déjà incapable de m’occuper de moi…
Elle leva les yeux en direction du ciel étoilé et une étoile filante traversa le firmament lui coupant le souffle.
Une dernière larme roula sur sa joue et elle se mit à sourire avant de se lever tout en prenant le chaton endormi dans ses bras en faisant attention de ne pas le réveiller. Elle tourna les talons et se dirigea vers sa chambre. Le dos tourné, elle ne vit pas la deuxième étoile filante fendre à travers le berceau sombre parsemé d’astres scintillants, ni toutes celles qui suivirent…
***
I'm so tired of being here
Suppressed by all of my childish fears
And if you have to leave
I wish that you would just leave
Because your presence still lingers here
And it won't leave me alone
These wounds won't seem to heal
This pain is just too real
There's just too much that time cannot erase
When you cried I'd wipe away all of your tears
When you'd scream I'd fight away all of your fears
And I've held your hand through all of these years
But you still have all of me
You used to captivate me
By your resonating light
But now I'm bound by the life you left behind
Your face it haunts my once pleasant dreams
Your voice it chased away all the sanity in me
These wounds won't seem to heal
This pain is just too real
There's just too much that time cannot erase
When you cried I'd wipe away all of your tears
When you'd scream I'd fight away all of your fears
And I've held your hand through all of these years
But you still have all of me
I've tried so hard to tell myself that you're gone
And though you're still with me
I've been alone all along
(My Immortal, Evanescence)
Ca vous a plus ?? Une préférence ?
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