EDForum (v3)

Les Aventures de Manon et John : L’Escapade

Première Partie

Manon soupira. Encore une autre longue journée en perspective. Elle noua ses cheveux mouillés et enfila une veste. Elle s’apprêta à sortir lorsqu’un bras musclé encercla sa taille.

- Où vas-tu, ma brume ?, lui murmura Gérald à l’oreille. Il est encore tôt, tu pourrais peut-être prendre le petit déjeuner avec moi ?

Manon gloussa et se libéra de son étreinte. Elle saisit son sac, et en voyant l’air déconfit de Gérald, éclata de rire.

-Allons, chéri, tu sais bien que je dois y aller ! J’ai cours dans une heure.
-Bah, dit-il en haussant les épaules, est-ce vraiment nécessaire ?

La jeune femme tira la langue à son copain et quitta l’appartement. Le soleil brillait, le ciel était bleu. Tout semblait irréel. Manon marchait sur un nuage, heureuse de la vie et des joies qu’elle lui apportait. Tout en marchant d’un bon pas, elle pensait à Gérald et aux bonheurs qu’ils partageaient depuis près de deux ans. Un sourire éclaira son visage.

***

Gérald s’habilla rapidement, déjà en retard au travail. Il parcourut la pièce du regard en lissant soigneusement ses cheveux ébouriffés, mais ne vit aucune trace de son porte-monnaie. Il grogna de dépit, s’empara de sa mallette et sortit en claquant la porte.
Les esprits un peu embrouillés, conséquence de sa grasse matinée, Gérald s’engouffra dans l’ascenseur. Il salua poliment la voisine, une femme aigrie et revêche qui surveillait constamment les autres locataires d’un œil sévère et critique.

- Bonjour madame Zubrowka, comment allez-vous ce matin?, dit-il sur un ton courtois.
- Humph, fut la réponse sèche de la dame.

Gérald toussota et attendit patiemment que le vieil appareil grinçant s’arrête au rez-de-chaussée. Il fut soulagé lorsque les portes s’ouvrirent, et d’un pas vif, gagna le vaste hall de l’immeuble. Préoccupé, Gérald alla récupérer le courrier qu’il survola vaguement en roulant vers son lieu de travail.
Une enveloppe crème attira son regard. D’une calligraphie gracieuse, l’expéditeur avait adressé la lettre à Manon. Curieux, mais surtout inquiet, Gérald arrêta la voiture sur la chaussée et ouvrit fébrilement l’enveloppe.

Saint-Dié, le 16 octobre

Chère amour,

Tant de nuits ont passé depuis notre dernière réunion. Que de larmes ai-je versées depuis ce jour chéri où nos corps se sont soudés, que d’ennui accumulé en mes veines. Quand, mais quand pourrons-nous enfin nous revoir, mon bel, mon tendre, mon doux amour ?

Jamais femme n’aura été aussi fraîche, aussi parfaite que toi, mon amour. Jamais femme n’aura été si resplendissante, si sereine, si magnifique. Jamais homme n’aura aimé, chéri, vénéré, adoré une femme tel que moi je t’aime, te chéris, te vénère, t’adore.

Laisse nos deux cœurs se rassembler, amour. Laisse nos deux corps s’assembler, amour. Laisse nos deux âmes se compléter.

Reviens-moi.

Ton amour, ton ami, ton amant,

John

La lettre tomba sur les genoux tremblants de Gérald.

Les Aventures de Manon et John : L’Escapade

Deuxième Partie

John se gratta la nuque. Déjà quatre interminables semaines que la lettre avait été mise à la poste, mais aucune réponse. Il soupira et s’étendit sur son lit, fredonnant mélancoliquement un air country.

« Mais quel est donc ce pitoyable lit sans mon tendre amour à mes côtés ? », se demanda-t-il avec amertume. Il jeta son oreiller sur le sol, descendit de son lit vide, et se recroquevilla sur le plancher froid. Les larmes recommencèrent à couler sur ses joues.

***

À ce même moment, Manon s’éveilla en sursaut. Son cœur se serra lorsque, haletante et en sueurs, elle se souvint des événements des derniers temps…

Un mois auparavant…

-Mais ma chérie, comment as-tu pu ? Me tromper ainsi avec mon cousin, celui qui fut né de la tante par alliance de la belle-sœur du veuf de la soeur de mon père !, lui avait lancé Gérald, complètement éperdu, avant de claquer la porte derrière lui.

Effondrée, Manon s’était appuyée contre le mur et s’était laissée glisser au sol, en larmes. À travers le bois épais, elle pouvait entendre Gérald qui cassait des assiettes en porcelaine en criant des insanités. Tremblante, elle se leva et, sous le regard courroucé d’une madame Zubrowka scandalisée par les bruits provenant de l’appartement de Manon et Gérald, renifla. La jeune femme, ne pouvant affronter questions et commentaires déplaisants, dévala les escaliers et se retrouva bien vite dehors, sous la pluie. Un éclair traversa le ciel, et Manon s’affala sur le trottoir.

***

Gérald ne pouvait y croire. Bientôt un mois que sa Manon adorée était partie. Bientôt un mois depuis le jour où, alerté par madame Zubrowka, il apprit que Manon avait rejoint son amant à Saint-Dié. Il secoua la tête et son poing alla frapper la table. Un cri de rage lui écorcha la gorge. Bientôt, il alla prendre sa revanche. Bientôt. Un sourire diabolique aux lèvres, il demanda un autre shooter à un barman abasourdi par tant de violence.

***

John reposa sa plume. Satisfait de ses écrits, il referma son journal lorsqu’une main se posa sur son épaule. Il leva les yeux vers sa chère mère et lui sourit.

- Ah mon petit poussin, que fais-tu encore debout à cette heure ?, lui demanda-t-elle, un sourire bienveillant illuminant son visage.

Attendri, John posa un léger baiser sur sa joue.

- Je vais au lit, douce maman. Ne t’inquiètes pas pour moi.

Il regarda sa mère sortir de la chambre, puis se tourna vers son lit. Le jeune homme soupira. Son cerveau semblait hésiter entre le sommeil ou l’écriture d’une lettre… Une lettre à sa bien-aimée qui ne lui avait pas encore répondu. Le cœur déchiré, il reprit sa plume.

Saint-Dié, le 18 novembre

Chère amour,

Où es-tu ? L’amour que je te porte ne te manque donc t-il pas ? Mon âme est éperdue sans toi… Je suis perdu sans toi. Depuis cette dernière missive où je t’ai tendrement rappelé mon adoration, pas un soupir, pas un mot, pas un regard. Ton amour se serait-il donc évaporé ?

Amour, tendre et doux amour, un signe et je suis à tes pieds. Un seul signe de ta mirifique personne et mon cœur est entre tes mains. Ces douces mains que je vénère. Amour, cette plume ne contient même pas assez d’encre pour te dire à quel point je t’adore.

Reviens-moi.

Ton amour, ton ami, ton amant,

John

***

Madame Zubrowka observa le visage pâle de Manon. Ses yeux cherchaient frénétiquement un défaut sur ce visage jeune et parfait, mais comme ils n’en trouvèrent aucun, ils se plissèrent de rage et d’envie. Ses mains se refermèrent sur le cou de Manon, qui ne pu émettre un seul bruit, un baîllon recouvrant ses lèvres. Un rire machiavélique emplit la pièce sombre.

Avalon qui se dit que vamp est pas sortie de l'auberge: soit elle conclut vite cette histoire, soit elle devient scénariste de General Hospital