EDForum (v3)

DOUCE NUIT

Par Otaku Snails

Faith essuya d'un revers de la main la buée qui s'était incrustée sur le miroir de la salle de bain. Elle examina avec attention le reflet que celui-ci lui renvoyait. On a coutume de dire que la prison changeait les hommes, mais dans son cas précis, la Tueuse avait une mine épouvantable.

Son visage était pâle, presque livide. Ses traits étaient tirés. Des cernes ombraient ses yeux. De longues mèches de cheveux noirs reposaient négligemment sur ses épaules et son regard autrefois pétillant n'était plus que l'ombre de lui-même.

Sans décrocher son regard de la glace, Faith s'empara de la lame de rasoir posée sur le rebord de l'évier. Elle abandonna alors son reflet pour reporter son attention sur son poignet gauche où saillaient de grosses veines bleues. Elles étaient si apparentes que pendant un instant la jeune femme pensa qu'elles s'offraient tout simplement à elle.

Après avoir pris une profonde inspiration, la Tueuse approcha la lame de ces dernières. Des larmes se déssinèrent aux coins de ses yeux fatigués. C'était l'instant critique.

A ce stade, elle avait encore la possibilité de renoncer à son geste, mais l'envie était trop forte. Elle devait le faire. Elle avait été une méchante fille, elle avait fait le mal autour d'elle, elle avait tué. Bien-sûr elle avait essayé de se racheter en se constituant prisonnière mais la prison n'avait pas arrangé les choses comme elle l'aurait cru.

Malgré toute la bonne volontée du monde, elle n'avait pas réussi à trouver le chemin de la rédemption. Faith vivait très mal son incarcération, elle était rejettée par tout le monde, que ce soit par le personnel carcéral ou les autres détenues. Elle n'avait pas d'amie. Elle était seule, comme toujours.

Rongée par cette sollitude pesante et par sa conscience, elle déprimait. Mais dans son esprit torturé, une idée avait commencé à germer. Pourquoi ne pas se suicidait-elle pas ? Cette pensée obscure finit par devenir chez elle une sorte d'obsession. C'était la façon la plus simple que la tueuse avait trouvée pour en finir avec tout ça, pour exorciser ses vieux démons. Après tout, c'était peut-être à cela que songeait Angel quand il lui avait parlé de rédemption...

Elle hésitait. Faith aurait cru que cela aurait été un jeu d'enfant de s'ôter la vie, mais elle s'était trompée. Cela était bien plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé.

Elle avait peur. Peur de mourir. Peur de décevoir Angel. Peur de ce qui pourrait l'attendre de l'autre côté des ténèbres.

Son cerveau bouillonait de dizaines de flashs. Toute sa vie défilait sous ses yeux. Les instants de bohneur, les éclats de rires, toutes ces petites perles de vies si lointaines maintenant, furent écrasées par le poids des violentes crises d'angoisses qui s'étaient emparées d'elle depuis son incarcération.

Un souvenir en particulier se détacha de ce tourbillon d'image. Celui du visage hébété de Buffy quand elle l'avait vue embrocher l'adjoint au maire. Le regard hagard de la Tueuse de Sunnydale resterait gravé à jamais dans son esprit. C'était à cet instant précis que sa vie avait basculé dans le mal...

Cette pensée lui redonna un peu de courage en même temps qu'une force nouvelle. Elle se sentait prête. C'était l'instant ou jamais. La Tueuse serra les dents en appuyant le tranchant de la lame contre sa peau. Cette action provoqua une profonde entaille dans sa chair et lui arracha un gémissement de douleur. Pourtant cela n'était rien en comparaison à ce qu'elle avait fait subir à Westley. Rien comparé au mal qu'elle avait fait à Buffy et sa bande. Il était trop tard pour revenir en arrière et elle le savait parfaitement. D'un geste rapide elle se trancha les veines.

La douleur fut intense et elle n'eut pas la force de retenir le cri qui monta dans sa gorge. Le sang s'échappait par petits jets de sa blessure pour venir s'étaler sur le miroir, l'évier et le sol carrelé de la salle d'eau.

Faith se sentit mal, elle n'allait pas tarder à tourner de l'oeil. Son regard se posa alors sur le reflet qui lui faisait face. Malgré sa vision embuée de larmes, elle cru se voir sourire. Ce fut la dernière chose qu'elle vit avant de s'éffondrer sur le sol couvert de sang. Son sang.

PS: Désolé pour les fautes d'orthographe et de grammaire

Otaku a écrit :

PS: Désolé pour les fautes d'orthographe et de grammaire

J'en ai corrgié quelques unes ^^

Faith se redressa subitement en ouvrant les yeux. Elle était halletante. Son premier reflexe fut de regarder son poignet. Ce dernier était intact et ne comportait aucune marque de la blessure qu'elle s'était infligée. Il n'y avait pas la moindre cicatrice. La Tueuse poussa un soupir à la fois soulagée et déçue par cette nouvelle. Tout cela n'avait été qu'un rêve ou plutôt un cauchemard. Il n'avait s'agit que du fruit de son sommeil agité et rien d'autre...

Après avoir lançé un dernier regard sur son poignet, elle jeta un rapide coup d'oeil autour d'elle et tout lui revint en mémoire. Elle avait quitté Los Angeles pour aller vers le nord, sans but précis. Jouant les auto-stoppeuses, passant d'un automobiliste généreux à un autre salaud qui avait tenté de profité d'elle, elle avait finallement réussi à atteindre les régions montagneuses de l'Oregon. Elle se trouvait maintenant à bord d'un poid-lourd appartenant à un vieux routier rondouillard du nom de Prittchet.

Prittchet n'était pas vraiment le genre de gravure de mode que l'on aurait pu voir à la une d'un magazine. C'était un vieil homme rondouillard qui portait des petites lunettes rondes qui lui retombaient perpétuellement sur le nez. Il passait la majeure partie de son temps à les remettre en place et cela commançait sincèrement à agacer la Tueuse.

- Mauvais rêve ? Demanda-t-il, pour engager la conversation.

Faith ne lui répondit pas et se contenta de regarder le paysage enneigé défiler à travers le pare-brise avant du camion. Il revint néanmoins à la charge en montrant d'un signe de tête le sac posé au pied de sa mystérieuse passagère.

- Tu vas voir ta famille pour les fêtes ?

La jeune femme garda à nouveau le silence.

- On peut pas dire que tu sois du genre très bavarde toi...

Sur ces mots, il abandonna la conversation pour porter à ses lèvres une petite flasque métallique contenant de l'alcool dont il but une gorgée. Puis il alluma la radio. La station diffusait une émission spéciale avec chant de noël et tout le tintoin. Le vieux routier ne put s'empécher de fredonner joyeusement sur la musique.

Je déteste la nuit de noël, pensa Faith pour elle-même.

Il était presque 22 heures lorsque le poid-lourd de Prittchet s'arrêta à une station service sur le bord de la route. Il avait recommencé à neiger et les roues du camion chassèrent légèrement quand le mastodonte d'acier stoppa sa course.

Outre les décorations de noël qui décoraient ses fenêtres, la station service n'avait rien d'inhabituel. Elle était composée de deux pompes à essence à la peinture écaillée, de toilettes publiques qu'aucune femme digne de ce nom n'aurait osé utiliser, et d'une petite boutique qui vendait tout un tas de bric à brac et de gadjets inutiles, que les voyageurs de passage se sentaient obligés d'acheter en guise de souvenir.

Sur la gauche de celle-ci se trouvait une autre route, plus petite que la départementale qu'avait empruntée le camion, qui menait à une petite ville perdue au milieu d'une immense forêt de sapins enneigés, dont les lumières perçaient les ténêbres de la nuit. Irrésistiblement, Faith se sentit attirée par cette dernière.

Prittchet enfila un blouson posé sur le dossier de son siège, puis il descendit de la cabine. Il avait à peine refermé sa portière, que Faith ramassa son sac et sortit à son tour. Le vieil homme s'inquièta de la voir sortir par ce temps.

- Que se passe t-il ? Il y a un problème ?

- C'est ici que je descends, fit Faith d'une voix assurée.

Le routier s'étrangla presque en entendant sa réponse :

- Dans ce trou paumé ? Mais tu m'avais dit que tu allais jusqu'à Portland. On en est encore loin.

- Je me suis trompée. Ca arrive à tout le monde non ?

- Sans doute...

Prittchet, ne fut pas dupe pour un sou mais n'en laissa rien paraître, la jeune femme avait l'air décidée.

- Merci pour la ballade. Déclara-t-elle en passant près de lui.

- Attends.

Il lui agrippa le bras.

- Tu es sûre de ce que tu fais ?

Elle se dégagea rapidement de son emprise.

- Ne t'en fait pas pour moi papy...

Cette fois, le vieil homme se résigna à la laisser partir, après tout, elle était libre de ses actes.

- Passe un joyeux noël.

Faith acquiessa de la tête avant de jeter son sac sur son épaule et de disparaître dans la nuit.

la suite! la suite! je veux savoir la suite

Manon a écrit :

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La route était déserte. La Tueuse marchait d'un bon pas vers la ville tout en tentant vainement de se réchauffer. Ses vêtements étaient trempés par la neige et elle grelotait. Pendant un instant elle regretta d'avoir abandonné la cabine chaude et confortable du routier, mais en y réfléchissant bien, elle se disait qu'elle avait eu raison d'agir ainsi. Pour une raison étrange, son instinct l'avait poussée à venir jusqu'ici et elle comptait bien tenter de découvrir pourquoi.

La seule chose que l’on pouvait voir bouger autour d'elle, étaient les flocons de neige qui s’abattaient avec une lenteur exorbitante sur cette région perdue au milieu de nulle part, poussait par le ronronnement fantômatique d’un vent calme. Faith n'aurait pas su exactement dire ce qu'elle ressentait mais elle trouvait cette situation inquiétante et rassurante à la fois.

Elle pressa le pas lorsqu'elle aperçut les premières maisons de la ville. Snowfield était une petite bourgade sans histoires et sans fioritures à l'allure très rustique. La plupart de ses habitations étaient construites en bois. La Tueuse emprunta la rue principale de cette ville sortie tout droit d'une carte postale du 19ème siècle en frissonant de plus belle. Elle remonta en silence les rangées de chalets et de boutiques que leurs propriétaires avaient décorés pour l'occasion des fêtes, tout en cherchant un abri pour passer la nuit.

Faith avait presque atteint le bout de la rue, quand son chemin croisa celui d'un jeune couple d'autochtones au bras chargés de cadeaux. Le jeune homme la salua d'un signe de tête. Faith l'ignora pour reporter son attention sur ce qui semblait être sa petite amie. Elle ne croisa son regard que pendant une courte seconde mais il ne lui en fallut pas davantage pour deviner que c'était une vampire. La jeune femme s'arrêta net sur le trottoir et se tourna vers le couple. Son instinct de Tueuse reprit le dessus et pendant un instant, l'idée de tuer cette créature lui traversa l'esprit. Finalement elle n'en fit rien et elle les regarda s'éloigner en haussant les épaules.

- Joyeux noel mec, murmura-elle inconsciemment.

Elle reprit sa route solitaire dans les rues désertiques et enneigées. Ses pas la conduisirent vers le porche d'une maison sous laquelle elle s'abrita en désespoir de cause. Elle avait de plus en plus froid et elle claquait des dents. Faith posa son sac sur une des marches en bois pour en retirer un pull sec qu'elle enfila par-dessus son gilet trempé. Après avoir réchauffé ses mains glacées en les frottant l'une contre l'autre, elle prit conscience qu'il y avait autre chose sous le porche.

Quelqu'un y avait oublié son journal. Ce dernier datait du 22 décembre. Poussée par la curiosité, Faith s'en empara pour lire les gros titres. L'un d'eux en particulier retint son attention :

Spectaculaire évasion dans une prison de Los Angeles. Trois gardiennes agréssées et une détenue en fuite.

Un sourire illumina son visage pour disparaître presque aussitôt. Elle secoua la tête en chiffonant rageusement le journal. Puis elle se laissa choir sur la dernière marche du porche. Des larmes étaient apparues aux coins de ses yeux.

Pas mal le smiley ^^

Arkania a écrit :

Pas mal le smiley ^^

Maintenant la suite:

La Tueuse pleura en silence durant de longues minutes, jusqu'à ce que sans prévenir, la porte contre laquelle son dos était appuyé s'ouvrit. La jeune femme se retint de justesse au montant de cette dernière pour ne pas s'étaler au sol, avant de tourner la tête vers l'intérieur de la maison. En dépit de ce qu'elle avait cru en premier lieu, elle semblait habitée. Un feu était allumé dans la cheminée et plusieurs plats de nourriture appétissante étaient disposés sur une table près de l'entrée. Faith ne remarqua la jeune femme qui s'y trouvait que lorsque cette dernière ouvrit la bouche.

- Bon sang, déclara celle-ci en se levant du fauteuil sur lequel elle était assise, j'ai bien cru que tu allais passer la nuit sous ce porche, je suis contente de voir que tu t'es enfin décidée à entrer !

- Vous m'attendiez ? Demanda Faith en essuyant ses joues humides.

Pour toute réponse, l'inconnue s'approcha d'elle et lui tendit la main pour l'aider à se relever. La Tueuse refusa son aide et se redressa seule sur ses jambes. Un lourd silence s'installa entre elles l'espace d'un instant. Faith jaugeait la jeune femme en la dévisageant, ce qui ne semblait visiblement pas la troubler plus que cela :

- Tu comptes rester sur le seuil de la porte encore longtemps ?

La Tueuse examina l'inconnue. C'était une afro-américaine d'une vingtaine d'années, aux longs cheveux brun bouclé qui lui descendaient jusqu'aux épaules et au regard aussi perçant que celui d'un aigle. Ses vêtements, trop décontractés et "tendance" pour appartenir à un habitant de Snowfield, tendaient à prouver qu'elle n'était vraiment pas du coin.

- Ne fais pas tant de manière Faith, tu fais partir toute la chaleur de la maison...

- Comment est-ce que tu connais mon nom ? Je ne me souviens pas te l'avoir dit.

- Je ne suis pas ton ennemie, tu peux entrer sans crainte.

Faith n'était pas rassurée pour autant, mais elle voulait connaître le fin mot de cette histoire. Elle ramassa son sac et se glissa dans la maison pendant que l'autre refermait la porte.

Voilà, vous connaissez la rengaine: dsl pour les faiutes